Accord imparfait

Le quatuor / Yaron Zilberman

Metropolitan, 2013

 

Lorsqu’ils jouent ensemble les membres de l'un des plus célèbres quatuor du monde musical s’accordent merveilleusement pour faire entendre les plus belles interprétationsd u répertoire pour quatuor à cordes. L’annonce de la maladie de l’un d’eux va déclencher un séisme dans leur entente qui dure depuis 25 ans. Ils se déchirent, les vieilles rivalités et rancœurs resurgissent. Les interrogations sur ce qui fonde un couple sont soudain similaires à ce qui peut fonder un ensemble musical aussi intime qu’un trio ou un quatuor. Les quatre musiciens pourront-ils affronter un dernier concert ensemble alors que leurs vies basculent ? Le programme de celui-ci comprend le Quatuor N°14 de Beethoven, celui où les mouvements s’enchaînent sans pause, une performance d’interprétation.

 

Le métier de musicien a déjà été exploré au cinéma mais, ici, le réalisateur fait entrer le spectateur dans l’intimité de quatre musiciens prestigieux dont les émotions, base de l’interprétation, menacent leur entente. Diverses facettes sont explorées, la vie itinérante et la difficulté d’avoir une vie de famille, la passion et l’émotion à faire passer dans un coup d’archet, l’égo et les rivalités. Le tout est servi par des plans rapprochés qui mettent en avant chaque personnage et sa psychologie. Un émouvant voyage au cœur de la musique dont on peut déplorer qu’elle ne soit pas plus présente dans le film.


L'origine de la crise...c'est encore pire que ce que vous imaginiez...!

Inside job / Charles Ferguson

Sony pictures, 2010

 

"Edifiant" annonce la pochette du film, c'est le moins que l'on puisse dire, tant les faits dénoncés sont effarants et effrayants par leur impunité.

Dans les années 1980, les règles qui servaient de garde-fous au système bancaire américain ont été soigneusement laminées par les lobbys financiers. Ceux-ci se sont acheté la complicité des politiques et des économistes. Cette dérégulation a contribué à la création de produits financiers risqués, générant de gros profits à court terme pour les banques. Une vague de comportements d'autant plus irresponsables que lucratifs a gangréné tout le système allant jusqu'à des fraudes et des escroqueries d'envergure. Peu à peu, ces systèmes se sont répendus d'un pays à l'autres par le biais des banques. La suite, nous la connaissons... C'est avec un cynisme édifiant que les responsables de ces catastrophes en série tentent de limiter leur responsabilité.

 

Ce film a eu l'Oscar du meilleur film documentaire en 2011.



Le regard qui tue !

Dans ses yeux (El secreto de sus ojos) / Juan José Campanella

Scénario d'Eduardo Sacheri et Juan José Campanella

Pretty pictures, 2010

 

Un agent fédéral argentin à la retraite décide d'écrire un roman sur une affaire dont il a dû s'occuper 20 ans plus tôt et qui l'avait particulièrement marqué. Avec l'un de ses collègues avec lequel il formait un duo attachant, ils avaient enquêté sur le meurtre sordide d'une jeune femme. Grâce à leur capacité d'observation et leur opiniatreté à résoudre une affaire que leur hiérarchie avait tendance à enterrer un peu vite, le meurtrier avait été retrouvé. Mais les rouages de la justice argentine de l'époque faisaient peu de cas du désir de justice des 2 enquêteurs et du mari de la victime...

 

20 ans après, Benjamin décide de retrouver les protagonistes encore vivants de cette affaire, sa supérieure hiérarchique de l'époque dont il était amoureux, notamment, le mari de la victime, etc...pour tenter de tourner la page de cette enquête qui a complètement changé sa vie et sa carrière. Il va aller de surprises en surprises.

 

Un scénario excellent et de très bons acteurs font que ce film a largement mérité son Oscar 2010. De nombreux thèmes sont abordés : la vengeance, le souvenir, l'amour manqué, les passions, etc...qui donnent au film une certaine profondeur et qui en font bien plus qu'un bon thriller.



Une comédie sociale...d'actualité !

We want sex equality / Nigel Cole

Scénario William Ivory

ARP selection, 2011

 

En 1968, les ouvrières des usines Ford de Dagenham, font grève pour obtenir l'égalité des salaires. Le film est servi par d'excéllents acteurs : Sally Hawkins en "madame tout le monde" qui porte une cause qui semble parfois la dépasser ; Bob Hoskins en "manipulateur" syndical futé ; Miranda Richardson en ministre travailliste, etc...

Une réussite que ce film dans la mesure où c'est une bonne comédie sociale. Elle ne peut que nous faire prendre conscience qu'en 40 ans, les choses n'ont peut-être pas tant changé que cela pour la condition féminine dans le monde du travail...! On peut être agacé cependant par certains stéréotypes : le rôle du méchant revient évidemment au patronat calculateur qui achète les syndicalistes, les ouvrières sont forcément toutes solidaires du mouvement et quand l'une d'elle menace de retourner sa veste, un petit sermon et elle revient vite dans le rang...

 

Sur un thème proche mais à une époque plus proche Ken Loach a réalisé l'excellent "Bread and roses" en 2000.