Les Diables des volcans / André DEMAISON

Glénat, 2011

Collection "Hommes et montagnes"

André Demaison, volcanologue et ami de Katia et Maurice Krafft, a passé plusieurs années en leur compagnie sur les pentes de nombreux volcans. Il a rassemblé, dans ce livre, divers témoignages, des extraits de leurs carnets de terrain, des photos et, bien sûr, ses propres souvenirs. Chaque chapitre est consacré à un volcan mais le tout forme une biographie à peu près chronologique du couple Krafft.

L'auteur les décrit tels qu'il les a connus avec, comme tout un chacun, défauts et qualités, mais c'est surtout la passion pour leur sujet d'étude qui ressort de ce texte.

Le tout se lit comme un roman à suspense tant le propos est passionnant, quelques "coquilles" sont à déplorer.

Lire est le propre de l'homme : témoignages et réflexions de cinquante auteurs de livres pour l'enfance et la jeunesse

Ecole des loisirs, 2011

Qui peut le mieux parler des livres et de la lecture que les écrivains ? Devenus eux-même, en tant qu'écrivain et qu'individu, grâce à cette activité mystérieuse qu'est la lecture. Non que l'écrivain soit nécessairement l'accomplissement ultime du lecteur, mais témoignant du fait que la lecture est le socle inaltérable du passage vers, d'une part, un certain accomplissement de soi, d'autre part, vers la vocation d'écrire. Cette anthologie réunit 50 textes ou dessins dans lesquels ces auteurs pour la jeunesse, entre autres, parlent de leur rapport, parfois intime, à la lecture et aux livres. Que ce soit l'approche émouvante et nostalgique de Malika Ferdjouk, l'analyse politique de Sophie Chérer, l'analyse historique amusante de Ponti, tous ces textes trouvent forcément leur correspondance en tout lecteur et montrent, puisqu'il faut le montrer encore et toujours, la multiplicité des apports et bienfaits de cette activité qui semble nous retirer, un moment, de la réalité pour mieux nous la faire appréhender.

Un livre à diffuser largement, puisqu'il est gratuit et tout petit par la taille, mais immense par son contenu.

Extrait :

"Permettez-moi d'insister : nous sommes libres de savoir, de comprendre, de choisir et d'agir. Parce que nous savons lire et que nous lisons.

Nous sommes des êtres de culture et de choix. Parce que nous savons lire et que nous lisons. Rien ne garantit que nous fassions les bons choix, mais comme nous lisons, nous choisissons, nous décidons". C. Ponti

Julie-Victoire, première bachelière de France / Gilles LAPORTE

Eska, 2007

Gilles Laporte ressuscite la vosgienne Julie-Victoire Daubié, née en 1824 à Bains-les-Bains et, avec elle, le combat des femmes, soutenu par quelques esprits éclairés du XIXème siècle. Que le chemin sera long pour avoir accès à l'éducation, aux diplômes et, impensable à cette époque, au droit de vote qui viendra bien plus tard.

La petite Julie-Victoire, fille d'une brodeuse et d'un employé des forges de Bains-les-Bains, montre très tôt des aptitudes à l'étude et un certain esprit rebelle. Elle comprend vite qu'une vie de brodeuse ou d'ouvrière ne lui conviendra pas et va bénéficier d'une promesse faite par son frère, prêtre, à son père concernant l'éducation des filles. C'est ce qui va la pousser à remettre en cause un ordre établi qui cantonne son sexe à rester dans l'ombre mais au service des hommes dans la famille, dans le travail ou à titre sexuel. Elle remettra, tout d'abord, en question l'enseignement de l'Eglise qui a la main mise sur l'éducation des filles et sur bon nombre d'esprits. Elle devra s'attaquer ensuite à certaines institutions républicaines trop jeunes pour n'être pas encore embourbées dans de nombreux préjugés et arguments, voire compromissions avec l'ancien régime. Ce sera une bataille opiniâtre pour avoir le droit de passer le baccalauréat. Julie ne s'en tiendra pas là. Elle publiera une étude qui fera scandale et lui vaudra une excommunication et le fait d'être mise au ban de sa famille : La femme pauvre au XIXème siècle. Néanmoins, celle-ci lui apportera une certaine reconnaissance d'une frange progressiste d'universitaires, d'écrivains ou d'économistes. Elle parviendra à devenir la première licenciée "es-lettres". Dans son combat, elle croise Marie d'Agoult, Arlès-Dufour, Louise Michel.

C'est à un parcours passionnant, émouvant, éprouvant car profondément solitaire parfois, que nous convie Gilles Laporte, dont les autres livres rappellent sans cesse les obstacles qui se dressent sur le chemin des femmes de toutes les époques. Le texte est basé sur une documentation hélas trop peu fournie au regard de ce qu'elle aurait pu être, à cause d'un autodafé auquel se livrera la famille de Julie-Victoire après sa mort, sur ses travaux et sur ses notes. C'est d'ailleurs une scène que l'auteur à lui-même vécu (Le Verre de moisson) à la mort de sa propre grand-mère lorsque ses oncles découvrirent que celle-ci cachait des livres chez elle !

C'est donc un auteur mobilisé à faire ressurgir le passé d'une femme qu'on a tenté de faire disparaître de l'histoire qui nous livre ici un texte riche, malgré tout, en recherches historiques. On aurait aimé un peu plus de notes de bas de page, peut-être, afin d'avoir des précisions sur quelques faits historiques. Quelques allusions donneront lieu, pour les esprits les plus curieux, à quelques envies d'approfondissements.

Psychogénéalogie / Anne ANCELIN SCHUTZENBERGER

Payot, 2007

Anne Ancelin-Schutzenberger est psychothérapeute. Elle a travaillé, tout au long de sa carrière, sur l'impact de l'histoire familiale sur la personnalité de ses patients, y compris, lorsque celle-ci n'est pas connue. Elle est à l'origine de cette spécialité particulière qu'est la "psychogénéalogie clinique". Ce document fait part de son expérience clinique et de longues années de pratiques thérapeutiques et d'échanges avec des confrères de disciplines connexes qui l'ont incitée à être convaincue de la réalité d'une transmission inconsciente, difficile à appréhender, entre les générations. Ainsi le chapitre sur le "syndrome d'anniversaire" ou celui sur la transmission des traumatismes, y compris lorsque les faits ne sont pas connus des descendants, sont troublants et fascinants. Comment expliquer, en effet, que certains drames se répètent d'une génération à l'autre à la date près, par exemple ?

L'auteur donne aussi des pistes concrètes pour se lancer, sans forcément avoir recours à un thérapeute, même si elle le conseille, dans les recherches sur l'histoire familiale dans le but de l'assumer afin de pouvoir se réaliser soi-même.

Cet effort de vulgarisation est un succès dans la mesure où l'auteur parvient à se mettre à la portée du lecteur qui n'est pas passé par la fac de psychologie, donnant des explications sur certains concepts et théories de manière abordable. Néanmoins, quelques passages sont beaucoup plus aisés et trouvent tout leur intérêt si on a lu les annexes. On se demande donc s'il ne faudrait pas les lire avant d'aborder le texte ou s'offrir une 2ème lecture après leur lecture.

Indispensable à tous les fans des Doors et à ceux qui veulent en savoir plus, cette biographie permet de mieux cerner la personnalité de Jim Morrison.

Derrière Jim Morrison, rock-star, drogué, alcoolique, provocateur, saboteur de concert et de sessions de studio, apparaît James Douglas Morrison, passionné de philosophie, lecteur de Nietzsche, auteur de plusieurs recueils de poèmes, essayant de faire passer un message au delà de son image de leader des Doors. Bien sûr, les deux faces font partie de la même pièce et se complètent : c'est aussi par admiration pour Baudelaire et Rimbaud qu'il cherche à aller toujours plus loin...